L’exil

L’esprit du vieux s’est encore échappé
Dans ses vieilles limbes aux noms étrangers
Une main, un parfum, une fille qui sait ?
Son visage figé et son regard absent
Le vieux Job est dans son pays d’enfant
Là où sont mort ses parents et dont je ne sais rien
C’est pas pour jouer que l’on coupe le fil
Et que l’on part un jour enlacer l’exil

Le prix de la vie dans les soutes clandestines
La peur, les pleurs et les douleurs intestines
Des garçons et des filles qui respirent l’exil
Je ne partagerai pas le lit de mes ancêtres
Ni la douleur de ma mère pour le frère à naître
C’est de cent à mille que se conjugue l’exil
Puis on devient le forçat clandestin et fébrile
L’esclave ignoré dans la grande ville
Où est ma fierté ? bouffée par l’exil

Et le corps jeune et beau se ratatine
Même si au pays mes mensonges sont d’or
La femme qui me rejoindra bientôt et à tort
Ne partagera… que  mon enfer

Alors on fera des enfants  notre famille
Et leurs enfants naîtront ici presque tranquilles
Car ceux-la enfin ne porteront plus le deuil

Allez le vieux reviens-nous
Essuie la buée sur tes cils
Les voyages forment la jeunesse
Oublie un peu l’exil.