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La complainte de l'émigré

 

paroles : Alain Boeuf, musique: Yves héaulme/Alain Boeuf

 

 

 

 

La complainte de l'émigré

J'étais pauvre dans mon pays pauvre
Ma sueur ne se transformait pas en jambon
Ma maison bâtie par le désert, cédait au désert
Et mes enfants ne parlaient plus
Autour d'une cage vide gonflait leur ventre rond
Ma femme ne me tentait plus
De son corps érotique restait une fiction
Les mots que je récitais n'étaient pas les miens
Les opinions que j'avais eues
S'étaient dissoutes dans le suc gastrique
La force que j'avais eue
S'était résignée en flasque élastique
Ma vie était donc intolérable, je n'étais plus rien
Il fallait partir alors je suis parti au nord loin

Je suis pauvre dans un pays riche
Ma sueur fait qu'une avec celle du jambon
Mon désert est un bâtiment de béton et de verre
Et mes enfants ne me parlent plus
Par leur langue étrangère, grondent d'autres sons
Ma femme ne m'excite plus
Son corps élastique a tué l'érection
Les mots que j'ingurgite ne sont pas les miens
Les opinions que je croyais avoir
Sont vomies par la voie cathodique
La force que je croyais avoir
Est morte dans les tranchées des travaux publics
Mon sort est donc intolérable, je ne sais plus rien
Mais je ne peux plus partir pour remettre à demain


 

LA PETITE HISTOIRE

ventre vide ou tête vide.

dilemme géographique du pauvre.

La Complainte de l'émigré