Je vous hais

D’aussi près que je me souvienne, je vous hais
Comme le mauvais vin aime la haine
Et la plaie sa gangrène

A l’angle mort d’Estrangin et de la rue paradis
Se tient une cloche inerte, inerte et flétrie
Mais pas de celles qui sonnent les libérations
Les grandes messes ou les révolutions
Non celle-ci est humaine et c’est moi
De mon ventre ma bouche et mon cul,
Sonne les seuls sons de glas

Je vois défiler vos pieds vifs et vos coups d’œil poltrons
Je suis si bien placé, ma tête posée sur le béton
Que vous sentez bon, et que vous êtes bien beau
Vous me faites rire dans vos costumes de veaux
Un seul regard de moi
Et patatras vous êtes tout nu
Priez que jamais vous ne soyez moi

Je vous hais
D’aussi près que je me souvienne, je vous hais
Comme le mauvais pain aime la haine
Et la plaie sa gangrène

Gardez votre pitié et foutez vous-la ou je pense
Envoyez moi l’oseille et du vin pour ma panse
Et surtout pas de discours indignes sur la dignité
Je suis votre miroir dégueu votre face caché
C’est le prix à payer pour votre confort
Vous me croyez foutu
Et vous vous êtes déjà mort

Je vous hais
D’aussi près que je me souvienne, je vous hais
Comme le mauvais fils aime la haine
Et la plaie sa gangrène