Le Libre-Chanteur

retour à la page programme

lainpetit
laingrand

La tragi-comédie est mon genre préféré.

Quarante années séparent ces deux portraits et j’ai toujours le même regard sur le monde.
C’est un regard fait d’incompréhension et d’excitation curieuse qui se résume à une question:
Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar qui nous arrive en pleine poire à nous autres
pauvres humains?

La réponse est simple: " C’est la vie !" , comme l’affirment parfois tout haut les Américains
en français dans le texte, mais avec toutefois une pointe d’accent charmant.

Je ne sais pas si c’est une chance ou un malheur, mais depuis longtemps, je crois que celle-ci
(la vie) est une farce tragique dont nous sommes les acteurs principaux ou les figurants.
Tout dépendant du moment et du rôle que nous voulons bien y prendre.
Comment devenir le héros de sa propre vie?
la réussite sociale à travers le pouvoir économique, politique ou religieux n’a pour moi aucun
attrait.
Ces honneurs-là ne sont que des leurres pour nous faire oublier que nous ne sommes rien et que
notre histoire finira mal (c’est l’aspect tragique).
De plus, vous l’aurez sûrement remarqué, les personnes qui dirigent ces catégories
socioprofessionnelles ont trop souvent, malheureusement pour nous, la qualité d’être de sombres
cons dangereux (ça, c’est un des aspects comiques).

Le rôle dont je vous parle, celui du commun des mortel, c’est simplement d’essayer de se
dépatouiller de ce cadeau encombrant qu’est notre condition humaine. Donc, de faire
au mieux avec notre propre carcasse et avec celles de ceux qui nous entourent.
Et c’est déjà un boulot monstre !

Pour me faciliter la tâche, j’ai choisi de croire encore aux utopies. Eh, oui ! il en reste !
Je suis même persuadé que nous sommes encore nombreux dans ce cas.
Si nous ne sommes plus beaucoup à le clamer, c’est parce que c’est en parfaite contradiction
avec notre monde individualiste et consumériste.
Il fait de nous des mysanthropes las et fatigués

Les utopies auxquelles je crois, sont fondées sur les principes les plus simples : la justice
sociale, l’égalité des droits, la libre-pensée et la fraternité entre les peuples.
C’est sur ces fondations que cela fait vingt ans que j’écris des chansons.
Et croyez-le ou non, cela m’aide bien à calmer mes colères ou mes frustrations et affirmer mon
désir de vivre et de me battre.
un libre-chanteur est un libre-penseur, mais en plus sonore.

Reste le problème de la reconnaissance.

Si les artistes peuvent facilement se passer de la célébrité, ils ne peuvent malheureusement
pas ignorer leur besoin de reconnaissance.
D’abord parce que c’est la condition et le moteur de la création et puis parce qu’il faut bien
le dire, c’est le seul moyen de faire bouillir la marmite.
Contrairement à ce que pensent les ministres successifs de la culture et les gens de l’industrie
du disque, la misère n’est pas un ingrédient nécessaire pour développer son talent.
Bien sûr l’inverse n’est pas vrai non plus, les personnes citées à l’instant sont
outrageusement à l’abri du besoin, pourtant elles n’ont aucun talent.

Depuis toutes ces années où je chante, j’ai pu pratiquer tous les cas de figures.

Je ne me sens à l’aise dans aucun milieu. Je ne suis recommandé par personne et je ne veux pas
vivre à Paris.
Je suis un fils d’ouvrier dont le milieu d’origine est bien loin du monde du show-business.
j’ai la fâcheuse habitude de l’ouvrir quand j’en ai envie et en plus je ne supporte pas la censure.

Musicalement, j’explore tout ce qui me fait plaisir, je n’ai pas de barrière culturelle.
Même si je suis classé dans la chanson française, je n’appartiens à aucun clan ou groupe de pensée.
J’ai une peur bleue des regroupements corporatistes avec tout ce que cela comporte comme
intolérance et consanguinité.
Je fuis les réunions mondaines (celles où l’on rencontre du monde qui peut vous aider (?)),
j’y suis toujours mal à l’aise, et de toute façon je ne sais pas me vendre.

J’ignore le milieu professionnel et je dois dire qu’il me le rend au centuple.
Malgré les disques et les concerts, j’ai l’impression que ma carrière a toujours été un
véritable chemin de croix.

Je ne suis bien qu’avec le public ou avec d’autres Libres-artistes et jusqu’à présent cela
a toujours été réciproque.

Bref, avec ce type de CV, difficile de trouver un moyen de s’en sortir jusqu’à maintenant.

Heureusement la fée Internet est arrivée et j’ai découvert que je pouvais shunter tout le système.
C’est le moyen qui permet d’échanger directement avec le public.
Pas besoin de convaincre de votre talent un producteur, un diffuseur ou un organisateur de
spectacle. Avec Internet, c’est le public seul qui juge votre travail et le cas échéant vous
permet d’en vivre.


Terminer la censure du show-business, qui a construit un système tentaculaire qui lui fait
concentrer tous les pouvoirs et les moyens.
Ici pas d’autre intermédiaire que la technologie qu’il faut maîtriser (je frime un peu parce
qu’en vérité je ne suis pas le roi de l’informatique, j’en profite pour dire merci aux amis
qui m’aident et me forment continuellement: Mitch, Christophe et Marie)

Vous aimez telle ou telle chanson ? Vous pouvez la télécharger moyennant une somme modeste,
dont la totalité ira pour une fois dans la poche de l’artiste. Une fois les frais et les taxes
retirés, cela lui permettra de continuer à vivre et à créer dans des conditions décentes.

Vous voulez le voir jouer en direct? Organisez le spectacle vous-même chez vous ou chez un proche.
C’est un jeu d’enfant, avec les Concerts-apparts.

Voilà, cela veut dire que le libre-chanteur n'existe pas sans un libre-public!

Aventi tutti!